Télétravail à la campagne avant l’heure
Cette initiative fait partie des retombées d’un projet né il n’y a pas moins de 22 ans, quand trois ingénieurs ont décidé de s’installer dans ce petit village situé à 30 km de Rodez. En cette fin des années quatre-vingt-dix, début d’internet et du télétravail, leur ambition était alors de proposer des sites internet aux collectivités et aux acteurs du tourisme. Et s’ils avaient choisi Arvieu, c’est parce que la mairie les avait accueillis à bras ouverts, en mettant à leur disposition quelques mètres carrés pour installer leur ordinateur, alors connecté au satellite.
Une zone d’activités numérique
Devenue la coopérative Laëtis (sous le format de la société coopérative et participative, Scop), la structure s’est agrandie, tout en restant dans le cœur du village. « La commune avait fait l’acquisition d’un ancien couvent. Cet ensemble a progressivement été réhabilité pour accueillir des services publics et des activités », explique Guy Lacan, élu maire d’Arvieu en 2020. Au total, sur 15 ans, 1,7 million d’euros d’argent public a été investi par la commune, avec un reste à charge de 200.000 euros pour elle. Désormais, dans un rayon de quelques centaines de mètres, coexistent au cœur du village une médiathèque, une maison France service (l’espace Le cantou), une poste communale, une salle de spectacle et un espace d’accueil d’entreprises. Cette « zone d’activité numérique », dont le projet a été porté par la communauté de communes de Lévézou-Pareloup, comprend également une pépinière d’entreprises, un espace de coworking de 350 m2 et des salles de formations-réunions mises à disposition de la Scop Laëtis et des nombreuses associations du village. L’ensemble de ce complexe numérique est depuis peu connecté à la fibre très haut débit.
Un tiers lieu au modèle original
« L’originalité du Jardin, nom donné à l’espace de coworking, c’est d’être entièrement géré par Laëtis », souligne l’élu. La coopérative, forte de 18 membres, prend en effet en charge le salaire de la personne qui se consacre à l’accueil et à la promotion du Jardin. S’il n’y a pas de subvention versée par la commune, le conseil municipal a accordé un différé de loyer de deux ans, compte tenu des investissements réalisés par Laëtis pour aménager l’espace. Avec ce montage, la collectivité limite ainsi les risques financiers, tout en bénéficiant de la dynamique créée par « le jardin », à commencer par l’accueil de séminaires et d’une trentaine de coworkers. « Depuis quatre ou cinq ans, avant même l’effet covid 19, de plus en plus de gens viennent habiter dans la commune et ses environs », se réjouit l’élu.
Incubation de projets locaux
Cet ensemble est devenu avec le temps le poumon du village et un lieu de convergence entre la transition numérique et écologique. L’écosystème numérique du Jardin s’est en effet rapproché du monde agricole pour imaginer des projets communs. C’est dans cet esprit que l’association les Loco-motivés (deux salariés) a vu le jour dès 2012. D’autres projets sont en cours : créer une formation digitale adaptée au monde agricole ou encore transformer un « club bidouille » existant en un Fablab consacré à la production locale. Des initiatives que la commune a bien l’intention de soutenir, sans pour autant vouloir se substituer à l’initiative privée.
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