Le ministre de l'Education nationale, Gilles de Robien, a une nouvelle fois vanté, ce 8 février, les mérites attendus de son "plan de relance des zones d'éducation prioritaire" et en a précisé les contours pour la partie émergée de l'iceberg, celle qui occupe son équipe et les rectorats depuis deux mois : les collèges et écoles primaires labellisés "ambition réussite".
"Ce n'est pas un slogan, c'est une véritable promesse d'avenir", estime Gilles de Robien, en rappelant les principales caractéristiques de ces "réseaux ambition réussite" : 1.000 enseignants chevronnés supplémentaires, pas de redoublements, une infirmière à temps plein, étude surveillée tous les soirs à partir du CE2, dérogation possible des meilleurs élèves à la carte scolaire des lycées... Il note par ailleurs que l'accueil des enfants de 2 ans restera une priorité dans les écoles maternelles concernées et que "dans chaque quartier d'éducation prioritaire, une opération "école ouverte" fonctionnera pendant les vacances à partir de la rentrée 2006".
249 réseaux ont été définis, soit 249 collèges - dont 18 non-classés ZEP jusqu'ici - et quelque 1.600 écoles de leurs secteurs, selon une série de critères sociaux et scolaires (pourcentage d'enfants issus de familles appartenant à des catégories socioprofessionnelles défavorisées, pourcentage d'élèves ayant des résultats faibles aux évaluations en 6e, etc.). 15 collèges privés devraient les rejoindre.
"Certains établissements n'ont plus leur place"
Gilles de Robien a en revanche été beaucoup moins précis sur ce qui constitue le point délicat de sa réforme : choisir les établissements appelés à sortir progressivement de ZEP, sur trois ans. Le ministre a seulement indiqué que ce choix aboutira en 2006. Il pourra être décidé "d'adapter les dotations" de ces établissements "pour tenir compte du nombre d'élèves restant en difficulté".
"Depuis des années, nous avons donné trop peu à trop de monde" et "certains établissements n'ont plus leur place dans l'éducation prioritaire", a déclaré le ministre. "Le profil sociologique des villes, des zones périurbaines et même des zones rurales n'est pas immuable. Certains arrondissements dans les grandes villes ont parfois beaucoup changé dans les deux sens, au cours des années récentes. Nous devons évidemment en tenir compte !", a-t-il ajouté. Plus globalement, Gilles de Robien souhaite que son action pour l'éducation prioritaire réponde, non pas à "une énième politique de zonage", mais bien plutôt à une logique d'aide personnalisée "adaptée à proportion du nombre d'élèves en difficultés".
En décembre, le ministre avait évoqué "100 à 150 établissements" appelés à sortir du dispositif ZEP. Ils devaient être connus "au printemps". Depuis, la grogne contre sa réforme a pris de l'ampleur et le ministre a rectifié le tir... tout en se défendant absolument d'y renoncer. "Quand on aura des critères de sélection objectifs, on verra", lançait-il y a quelques jours.
Une dimension locale en pointillés
"Une liste ne peut pas être arrêtée, il y aura des mouvements dans les deux sens, les recteurs nous feront des propositions tout au long de l'année 2006", a insisté le ministre mercredi, laissant entendre que les sorties se feraient au coup par coup.
La question des critères figure au premier plan des préoccupations de l'Association nationale des directeurs de l'Education des villes (Andev). Sa présidente, Claudine Paillard, s'interroge : "Y aura-t-il prise en compte d'éléments environnementaux et donc locaux, tels que le taux de chômage ou la proportion de population francophone ? Ou bien s'agira-t-il uniquement, comme nous le craignons, d'une part d'éléments internes à l'Education nationale, liés aux résultats scolaires, et d'autre part de variables financières tels que le nombre d'élèves boursiers ?"
Alors que ni l'Andev ni d'autres représentants des collectivités n'ont été consultés sur le dossier, Claudine Paillard, directrice éducation-jeunesse de la ville de Rennes, souhaite vivement que l'on refasse entrer "la dimension locale, et donc les collectivités, dans la discussion". Tous savent en effet qu'une transformation du paysage de l'éducation prioritaire aura des impacts multiples pour les collectivités, que ce soit en matière de carte scolaire ou de problématiques plus précises comme l'entrée des enfants de 2 ans en maternelle. Claudine Paillard estime encore que "plus il a d'établissements en ZEP, moins le dispositif est stigmatisant". A contrario, "resserrer le dispositif implique un recentrage sur le curatif, au détriment sans doute du préventif". Enfin, comme d'autres acteurs du monde de l'éducation, elle regrette que la réforme ait négligé le premier degré : "La carte ZEP du premier degré va découler de celle du collège. C'est oublier que le premier degré a des problématiques qui lui sont propres."
C. Mallet et AFP
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