A quelques jours de la présentation du projet de loi sur la formation professionnelle en Conseil des ministres, l'Ile-de-France sert de pilote. Etat, région et partenaires sociaux ont signé une convention jeudi 16 avril dans le droit fil de l'accord national interprofessionnel du 7 janvier qui sert de base au projet de loi. Il vise à éviter les licenciements et à permettre à des chômeurs partiels de bénéficier de formations adaptées. "Avec cet accord, nous préfigurons l'esprit de la future loi sur la formation professionnelle", a indiqué Daniel Canepa, préfet de la région Ile-de-France et préfet de Paris. Cet accord régional sur "la sécurisation des parcours professionnels et la consolidation de l'emploi" a nécessité d'importantes négociations, les partenaires sociaux ayant "finalement réussi à surmonter la différence de leurs approches pour oeuvrer dans le sens des salariés et des entreprises", comme l'a souligné Françoise Lareur de la CFDT Ile-de-France, lors de la signature. L'idée est simple : mobiliser tous les dispositifs et moyens disponibles pour renforcer la qualification des salariés et assurer la reconversion de ceux qui perdent leur emploi. Concrètement, l'accord va se traduire par des réunions régulières, permettant à tous les acteurs concernés, région, Etat, partenaires sociaux, OPCA (organismes paritaires collecteurs agréés) de traiter ensemble les dossiers et d'y apporter une réponse unique. La convention cible en priorité les PME des secteurs les plus touchés par la crise.
"Actuellement, les réponses apportées aux entreprises et aux salariés sont multiples, il y a autant de réponses que d'institutions, a expliqué Daniel Canepa. Avec cet accord, chacun garde ses instruments d'intervention mais la complémentarité des solutions est assurée."
50 millions d'euros
La convention est dotée d'une enveloppe de 50 millions d'euros : 40 millions d'euros de l'Etat et 10 de la région qui pourra également mobiliser indirectement ses fonds destinés à la formation des demandeurs d'emploi, soit 250 millions d'euros. Objectif de la convention : toucher près de 100.000 personnes, voire 150.000. "Il y a une résistance francilienne spécifique à la crise économique, a souligné Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Ile-de-France. Mais notre région ne va malheureusement pas éviter le ralentissement économique." Jusque-là, la région s'en tire en effet bien : la dernière étude commandée par Paris Ile-de-France Capitale économique place la région au premier rang des régions qui attirent le plus d'investisseurs étrangers. Mais les indicateurs se détériorent, comme le taux de chômage qui est passé de 4,5% à 6,8% entre le troisième et le quatrième trimestre 2008. "C'est au sein de la cellule régionale mise en place pour suivre la mise en oeuvre des mesures anti-crise que cette idée a émergé, a détaillé le préfet d'Ile-de-France, et il nous est aussi apparu vital de préparer l'après-crise."
Reste à savoir comment l'initiative va s'articuler avec le nouveau fonds de sécurisation des parcours professionnels prévu dans le projet de loi sur la formation et le Fonds d'investissement social (Fiso) que le gouvernement vient de lancer et qui est destiné à coordonner les politiques d'emploi et de formation face à la crise (voir encadré ci-dessous). "Nous avons pris de l'avance par rapport à la réflexion nationale, a expliqué Yves Calvez, directeur régional de la DRTEFP Ile-de-France, mais nous allons intégrer le Fiso." "La région a décidé de faire plus vite pour aller plus loin", a pour sa part commenté Daniel Canepa. La première réunion de travail doit avoir lieu le 22 avril 2009. Elle devrait traiter du secteur de la bijouterie.
Emilie Zapalski
Fiso : 2 à 3 milliards d'euros pour les salariés face à la crise
Le Fonds d'investissement social (Fiso) a été installé par le président de la République le 10 avril, suite aux annonces qu'il avait faites lors du sommet social du 18 février 2009 en présence des partenaires sociaux. Lors du Conseil des ministres du 15 avril, le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, a précisé que le but de ce fonds est de "coordonner les efforts en faveur de l'emploi et de la formation professionnelle" en période de crise. Il poursuivra quatre objectifs : financement des actions en faveur de l'activité partielle, notamment l'articulation de cette dernière avec la formation ; les outils d'accompagnement et de reconversion des salariés licenciés économiques ; le soutien aux bassins en difficulté et aux demandeurs d'emploi ; et enfin la politique de l'emploi destinée aux jeunes. Doté de 2 à 3 milliards d'euros par l'Etat et les partenaires sociaux, il pourra être complété par le Fonds social européen et les financements des régions, a précisé le secrétaire d'Etat.
M.T.
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