On connaissait déjà le potentiel économique de la "Silver économie", érigée au rang de priorité nationale par le rapport Lauvergeon et qui fait désormais l'objet d'une filière et d'un fonds de financement dédiés (voir nos articles ci-contre). Mais la "Silver économie" est centrée essentiellement sur les dispositifs technologiques de préservation de l'autonomie et d'aide au maintien à domicile.
Des fondamentaux de croissance solides
Une étude sectorielle commercialisée par le service "Les Echos Etudes" montre que ce potentiel n'est pas l'apanage du seul maintien à domicile. Intitulée sans ambiguïté "Le marché de la prise en charge des personnes âgées dépendantes", elle se consacre très majoritairement à la prise en charge de la dépendance en établissement. Elle couvre ainsi les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes ou non (Ehpad et Ehpa), les résidences services, les soins de suite et de réadaptation (SSR) à orientation gériatrique, la géronto-psychiatrie, mais aussi l'hospitalisation et la santé à domicile ou les services à la personne.
Compte tenu du caractère très économique de l'étude, celle-ci vise - et c'est là son principal biais - les acteurs de droit privé à but lucratif. L'échantillon investigué regroupe notamment les grands groupes privés d'Ehpad ou de résidences services (Korian Médica, DomusVi, Orpéa/Clinéa, Le Noble Age, Les Hespérides, Les jardins d'Arcadie...), ainsi que de grands opérateurs sanitaires privés comme la Générale de Santé. Sous cette réserve, l'objet de l'étude est en particulier "d'anticiper les évolutions stratégiques et capitalistiques du secteur à l'horizon 2016".
Selon l'étude - qui table sur la concrétisation du projet de loi sur l'adaptation de la société au vieillissement -, "le marché français de la prise en charge de la dépendance bénéficie de fondamentaux de croissance solides" et présente, pour les spécialistes de ce secteur, "de nouvelles opportunités de croissance via l'élargissement de leur portefeuille d'activités".
Concentration horizontale et intégration verticale
Mais, contrairement à d'autres services, la prise en charge de la dépendance - surtout à domicile - suppose une forte intensité capitalistique. Cette réalité économique et la recherche de la taille critique ont pour conséquence de pousser à une consolidation du secteur et à la constitution de grands acteurs économiques. Le rapprochement Korian/Médica - le plus emblématique du secteur - a ainsi donné naissance au leader européen des services aux seniors et à un groupe réalisant un chiffre d'affaires cumulé de près de 2,5 milliards d'euros avec plus de 57.000 lits, près de 600 établissements et 40.000 salariés. Dans ce contexte, l'étude estime donc que "le secteur, avec l'appui de ses actionnaires, va poursuivre sa consolidation tout en se diversifiant".
Le secteur connaît en effet un véritable changement de modèle économique, qui se traduit par un double mouvement d'intégration verticale : les spécialistes de l'hébergement cherchent à s'intégrer en amont, tandis que les acteurs du maintien à domicile médicalisent leur offre. S'inscrivant dans la voie du décloisonnement entre social et sanitaire, les groupes d'Ehpad investissent ainsi dans des plateformes de santé, afin de "proposer des filières complètes de prise en charge de la personne âgée : Ehpad, cliniques SSR, psychiatriques, MCO, USLD, HAD...". Certains groupes cherchent également à s'intégrer plus en amont en se positionnant sur le marché du domicile.
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFoo5pllJq9prrDmqWcnV2awLV5wK6qrKFdqrtuucCrmqGd