La visite de la ville de Rodez apporte aujourd’hui une démonstration supplémentaire de la nécessité d’envisager la réhabilitation d’un centre-ville ancien sur la longue durée. Au début des années 2000, la cité ruthénoise perchée à 600 mètres d’altitude voit son cœur de ville entraîné dans la spirale sans fin de la dégradation. Près de 25 % de ses commerces sont vacants et ses logements petits, inconfortables et parfois insalubres rebutent les habitants attirés par la campagne, l’espace et l’agrément qu’offrent des communes périphériques proches de centres commerciaux facilement accessibles en voiture. La première Opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH), lancée en 2005, amorce une série d’effets positifs mais ne parvient pas, à elle seule, à enrayer la tendance.
Une approche globale de la rénovation
Les édiles comprennent alors que la politique de rénovation doit être conduite sur le temps long, avec ténacité. Ils s’engagent dans une approche globale qui porte à la fois sur le logement, le commerce, les équipements et les aménagements urbains. « Nous avons souhaité donner une importance particulière à la qualité de l’habitat, rappelle le maire de Rodez et président de Rodez agglomération, Christian Teyssèdre. Preuve de l’implication de notre intercommunalité, qui porte la maîtrise d’ouvrage de la rénovation, le budget consacré aux programmes locaux de l’habitat n’a cessé de progresser, passant de 4,5 millions d’euros dans le premier plan lancé en 2015, à 15 millions dans le troisième qui couvre la période 2021-2026. »
Repeupler le centre ancien
La lutte contre le logement vacant en centre-ville est un des axes forts de la rénovation. Elle se traduit par des actions d’éradication du logement insalubre, par la réhabilitation de l’habitat ancien et son adaptation aux personnes âgées, par le versement de primes d’accession à la propriété aux ménages modestes, de même que par le développement d’une offre locative à loyers maîtrisés. L’offre locative est mise en place dans les immeubles rénovés, à l’aide de financements publics et grâce à des contrats maintenant les loyers à des montants abordables sur des périodes de 9 à 12 ans. « Ces dispositions contribuent à changer la donne. Nous avons également appliqué une politique d’économie d’énergie par la rénovation thermique et aujourd’hui par la mise en place de solutions de chauffage centrées sur la géothermie », fait valoir le président de l’agglomération.
Parallèlement, la création d’une aire de valorisation de l’architecture et du patrimoine ainsi que d’un site patrimonial remarquable (SPR) en lien avec les architectes des bâtiments de France a contribué à préserver la personnalité et les caractéristiques historiques du centre ancien. La piétonnisation, le réaménagement des places, la réfection de façades, la construction de parkings de proximité ont contribué à embellir et à redynamiser le cœur de ville Rodez sans le défigurer. L’ouverture du musée Soulages (136 000 visiteurs en 2019), d’un centre aquatique et d’un cinéma multiplex aux portes du centre historique ont aussi largement contribué à redynamiser les commerces, dont la moitié a également reçu des aides publiques. L’inscription de la cité ruthénoise dans le programme Action cœur de ville complète la requalification du centre-ville par ses initiatives sur l’urbanisme et la rénovation de bâtiments publics.
Le retour des habitants
Les principaux outils utilisés par l’intercommunalité pour mener à bien ce projet sont, selon son président, les programmes locaux de l’habitat et les différentes aides de l’État, avec notamment les Opérations programmées d’amélioration de l’habitat, dont la troisième est encore en cours d’exécution. « Chacune d’elles permet de réhabiliter en moyenne 125 logements. Nous avons aussi pu compter sur des acteurs privés très engagés. Je veux, en outre, insister sur le fait qu’au niveau local, nous avons travaillé avec une enveloppe budgétaire ouverte afin de l’adapter au nombre de ménages éligibles aux aides à la rénovation, insiste Christian Teyssèdre. Les résultats sont là. Les habitants reviennent, consomment en centre-ville et relancent tout le circuit économique. » La vacance commerciale est passée de 23 % durant les années 2000 à 6 % aujourd’hui.
Après avoir perdu des habitants pendant plus de trente ans, tandis que les communes périphériques en gagnaient, Rodez a renoué avec la croissance démographique (550 habitants supplémentaires ces trois dernières années). S’il fallait une autre preuve de l’attractivité reconquise par la ville, Rodez figure dans l’enviable situation de plein-emploi, malgré son éloignement des métropoles. Et dans le classement des 25 villes où il fait le meilleur vivre en France.
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