L'Ile-de-France, symbole des carences des patinoires franaises

Publi le13 avril 2017par Jean Damien Lesay Ile-de-France Tourisme, culture, loisirs Les patinoires vont mal en France, et la situation en Ile-de-France en est le sombre reflet. Dans son dernier dossier, paru le 13 avril 2017 et intitul "Le hockey sur glace affte ses lames", l'institut rgional de dveloppement du sport d'Ile-de-France (IRDS) dresse un


Les patinoires vont mal en France, et la situation en Ile-de-France en est le sombre reflet. Dans son dernier dossier, paru le 13 avril 2017 et intitulé "Le hockey sur glace affûte ses lames", l'institut régional de développement du sport d'Ile-de-France (IRDS) dresse un portrait pessimiste de cette catégorie d'équipements sportifs.
Certes, la région capitale bénéficie désormais d'un bel arbre - l'Aren'Ice de Cergy-Pontoise, inauguré en 2016, équipement de référence comprenant deux pistes, dont l'une pouvant accueillir 3.000 spectateurs pour le hockey - mais celui-ci cache une forêt ravagée. Pour l'IRDS, le parc des patinoires franciliennes est, d'une part, restreint et vieillissant, d'autre part, et c'est sans doute le plus grave, il existe peu de projets de construction et, par conséquent, de vrais risques de disparitions d'équipements au vu de la vétusté de l'existant.

Des équipements rares et vieillissants

La France compte actuellement quelque deux cents patinoires, soit un équipement pour 445.000 habitants en moyenne. Sans surprise, la région la mieux dotée est Auvergne-Rhône-Alpes, avec une patinoire pour 90.000 habitants. Avec vingt et une patinoires, soit un équipement pour 370.000 habitants, l'Ile-de-France s'en sort mieux que la plupart des autres régions mais demeure loin derrière Auvergne-Rhône-Alpes. Cette dernière, note l'IRDS, a profité de l’accueil des JO d’hiver de 1968 mais aussi de 1992 pour développer son parc de patinoires, tandis que d’autres territoires montagneux, comme les Pyrénées ou le Jura, n’ont pas bénéficié de la même dynamique de création d’équipements.
L'IRDS note que si, l'hiver venu, des patinoires mobiles apparaissent partout en France pour offrir un premier accès à l’univers de la glace, ces équipements, par leurs dimensions et leur surface, le plus souvent synthétique, ne permettent pas une pratique sportive, notamment celle du hockey sur glace.
Quant aux patinoires permanentes, elles ont été majoritairement construites au cours des années 1970, dans la foulée des Jeux olympiques d’hiver de 1968, organisés à Grenoble. A titre d'exemple, en Ile-de-France, quinze des vingt et une patinoires existantes ont vu le jour entre 1970 et 1976. Quant aux trois équipements mis en service depuis 2000, il s'agit d'une réouverture (patinoire Pailleron dans le XIXe arrondissement de Paris) et de deux remplacements d’équipements antérieurs par de nouveaux, plus modernes et de plus grandes dimensions, à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne) et Cergy-Pontoise (Val-d'Oise). Pour ce qui est des projets en cours… ou plutôt du projet, il obéit également à cette logique : une patinoire devrait être édifiée à Meudon (Hautes-de-Seine) dans le cadre de l’aménagement d’un nouveau quartier… en remplacement d'un équipement existant.

Des coûts de rénovation trop lourds

Et alors qu'aucune construction nouvelle n'est venue enrichir l'offre dans une région qui connaît une forte poussée démographique, l’offre francilienne s’est même réduite entre 2000 et 2005, avec quatre fermetures d'équipements. Pourquoi ces fermetures ? L'IRDS explique que, "le plus souvent, le choix de fermer la patinoire intervient au moment d’envisager de lourds travaux de rénovation, les acteurs locaux estimant les coûts trop élevés". Et ces fermetures devraient en entraîner d'autres. En effet, six des patinoires franciliennes datant des années 1970 n’ont pas connu de travaux importants depuis leur ouverture et pourraient, selon l'IRDS," être menacées de disparition". Et l'institut de pointer le fait que, dans les projets de rénovation ou de construction, "l’initiative locale reste prépondérante".
Mais cette initiative locale fait face à des freins, qui ne sont pas dus qu'à la raréfaction de l'argent public dans le domaine des équipements sportifs. En effet, alors que les deux tiers des patinoires conçues dans les années 1970 ont été rénovées, l'IRDS note que "leur conception architecturale reste marquée par leur époque de construction, ce qui peut nuire à leur attractivité". En d'autre termes, la conception des aires de glace et la programmation d’activités ne sont pas assez tournées vers le ludique, ce qui pèse négativement sur la fréquentation des patinoires par le grand public. Quant aux marges de manoeuvre pour renouveler les activités, elles sont jugées "restreintes" par l'institut, précisément en raison de la vétusté du parc et du manque de créneaux horaires disponibles, la piste étant sollicitée par de nombreux usagers (pratiques des clubs des différents sports de glace, séances publiques pour les individuels, groupes scolaires ou de centres de loisirs, etc.).
Si ce tableau sombre fait apparaître, non sans raison, la patinoire comme la grande oubliée des politiques de développement des équipements sportifs, l'IRDS entrevoit une lueur d'espoir : largement fréquentée par les jeunes, la patinoire exerce "une fonction sociale et d’animation territoriale forte". De plus, souhaitée par la population, en particulier par les femmes, elle arrive en troisième position parmi les équipements sportifs les plus demandés par les Franciliennes âgées de 15 ans et plus (5%), après la piscine (13%) et le gymnase (10%). En d'autres termes, la population invite les élus à faire fondre la glace...

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