Rsorption des bidonvilles : o en est-on ?

Publi le30 novembre 2023par Caroline Meggl pour Localtis Jeunesse, ducation et formation, Social Dans son cinquime rapport rendu public le 28 novembre 2023, lObservatoire des expulsions de lieux de vie informels (squats, bidonvilles et campements) "sattache dcrire lesconsquences concrtes desexpulsionssur les enfants", notamment en matire de scolarisation. "En aval des expulsions, tout est


Dans son cinquième rapport rendu public le 28 novembre 2023, l’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels (squats, bidonvilles et campements) "s’attache à décrire les conséquences concrètes des expulsions sur les enfants", notamment en matière de scolarisation. "En aval des expulsions, tout est à reconstruire sur le plan scolaire, et la rescolarisation prend en moyenne six mois", d’où des "trajectoires scolaires fragmentées" pour les enfants vivant dans ces habitats précaires, indique l’Observatoire. Les huit organisations qui portent cette démarche, dont la Fondation Abbé Pierre, la Ligue des droits de l’homme et Médecins du monde, "appellent à une politique de résorption qui prenne en compte l’intérêt supérieur des enfants, premières victimes des expulsions".

"Le rythme des expulsions ne faiblit pas"

L’Observatoire recense, pour la période novembre 2022-octobre 2023, "1.111 expulsions sur le territoire national, dont 729 pour le littoral nord, chaque lieu de vie représentant en moyenne 130 personnes". Et juge que "le rythme des expulsions ne faiblit pas, bien au contraire", mettant en avant le chiffre de 382 expulsions comptabilisées hors Calais et Grande-Synthe, contre 308 l’année précédente. Les associations estiment également que, "dans 85% des cas, [les expulsions] ne donnent lieu à aucune solution d'hébergement ou de relogement, contraignant les personnes à l’errance". Pour illustrer la diversité des pratiques - "expulsion sèche, violente et sans anticipation", "projet inter-partenarial" ou "expérimentation" - six opérations d’expulsion sont analysées dans le rapport.

Au même moment, la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) a publié son bilan 2023 en matière de résorption des bidonvilles. Elle met en avant une diminution du phénomène depuis l’instruction de 2018 (voir notre article) : 239 sites et 11.257 personnes y habitant en octobre 2023 contre 251 sites et 13.728 personnes en juin 2018. Soit seulement 12 sites en moins en cinq ans, malgré les 16 à 18 sites "résorbés" chaque année depuis 2019.

"Le nombre de mineurs scolarisés est passé de 1.430 en 2019 à 3.577 en 2022 grâce au programme de médiation scolaire", précise encore la Dihal. Cette dernière met en avant d’autres chiffres sur l’accès à l’eau des personnes vivant en bidonvilles (55% en 2023 contre 37% en 2020), sur l’accompagnement vers la santé et l’emploi et l’accès à "une solution longue durée en hébergement" ou à un logement (1.256 personnes en 2022).

"Plus de ressources humaines mobilisées dans les collectivités"

La publication présente un panorama des 20 départements concernés par la présence de bidonvilles "où vivent des ressortissants européens", qui sont le "public cible de la politique de résorption des bidonvilles portée par l’instruction du 25 janvier 2018". Le littoral nord (Calaisis et Dunkerquois) n’est donc pas compris. Sur les 20 départements considérés, les huit ayant le plus d’habitants en bidonvilles sont la Loire-Atlantique (2.600), la Gironde (1.310), les Bouches-du-Rhône (1.060), la Seine-Saint-Denis (1.000), le Val-de-Marne, le Val-d’Oise, l’Essonne et le Nord. Selon la Dihal, "depuis 2018, certains départements ont définitivement résorbé les sites de leur territoire (Vienne, Moselle, Côte-d’Or...)".

Entre 2020 et 2023, des progrès ont été réalisés concernant la "structuration des actions" dans les départements, avec des feuilles de route partenariales et également "plus de ressources humaines mobilisées dans les collectivités", souligne la Dihal. Cette dernière identifie toutefois quatre difficultés principales auxquelles se heurtent les acteurs : des "facteurs exogènes" tels que la forte tension sur l’hébergement et le logement, la "persistance d’une vision de court-terme dans certains territoires", les "dynamiques collectives au sein du bidonville" et en particulier les "phénomènes d’emprise" et, plus globalement, la difficulté de "l’insertion sociale dans un cadre républicain de personnes précaires et éloignées du droit commun".

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