« À l’origine de la charte forestière, il y a une prise de conscience que la forêt, alors qu’elle recouvre 30 % du territoire, n’était un sujet de réflexion pour les élus qu’au moment de revoir le plan local d’urbanisme », témoigne l’animateur de la charte forestière, Jean de Falandre. Le territoire de la communauté de communes de l’Orée de Bercé Belinois compte 4.000 hectares de forêt. Si les 1.000 ha de la forêt domaniale de Bercé sont bien gérés par l’Office national des forêts, il n’en est pas toujours de même pour la forêt privée qui représente 3.000 hectares et dont la propriété est morcelée entre 1.800 micropropriétaires. La communauté de communes décide de s’emparer du sujet. Le diagnostic livré en 2015 identifie de nombreux enjeux économiques, écologiques et sociaux autour de la forêt, notamment un potentiel de développement de la filière bois, autant en bois énergie qu’en bois de construction, ainsi que la prévention des incendies forestiers. En 2018, la signature d’une charte forestière destinée à favoriser une sylviculture dynamique regroupe une vingtaine de partenaires (voir encadré). Son animation est confiée à un ingénieur forestier recruté conjointement par la collectivité et par le Centre régional de la propriété forestière (CRPF).
En partenariat avec le SDIS
L’une des premières actions mises en œuvre dans le cadre de la charte forestière est la réalisation d’inventaires forestiers. « Le Sud Sarthe est soumis aux feux de forêts chaque année. La connaissance du terrain est nécessaire pour une intervention rapide et efficace. Les pompiers ne s’engagent pas sans possibilité de faire demi-tour. » Un partenariat est mis au point avec le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) : celui-ci inventorie les chemins existants, ainsi que les besoins d’accès ou zones de retournement dans les massifs peu desservis, tandis que la collectivité accompagne les propriétaires dans l’inventaire de leurs parcelles et les encourage à mettre en œuvre une gestion durable. « Le syndicat de propriétaires forestiers privés Fransylva 72 s’est fortement engagé sur cette thématique », souligne l’animateur. La démarche partenariale pour la prévention incendie se poursuit avec l’identification des points d’eau et la création de conventions avec les propriétaires d’étangs.
Un premier chantier groupé sur 100 ha
En 2021, l’action phare consiste à initier et soutenir un chantier d’exploitation groupé, car l’analyse des données d’inventaire laisse apparaître un retard d’éclaircie sur plus de la moitié des parcelles. « 75 % de la forêt est plantée en résineux, sur sol sableux. Pour les petits propriétaires, il n’est pas simple de faire venir des machines sur ces petites surfaces, en raison de coûts fixes trop importants. » Le premier chantier, proposé sur un massif de 350 hectares, a concerné 40 propriétaires sur une centaine d’hectares. 8.000 stères de bois ont été exploités. « Ce qui est inédit, c’est le partenariat avec le syndicat de propriétaires forestiers Fransylva 72 qui a lancé l’appel d’offres pour recruter le gestionnaire de parcelles et l’exploitant forestier. » Fin 2021, un nouveau chantier groupé est en préparation, cette fois sur 1.000 hectares, à l’échelle de la communauté de communes.
« Notre programme d’actions s’est d’abord adressé aux 240 propriétaires qui possèdent au moins 2 hectares d’un seul tenant, soit la moitié de la surface forestière privée, témoigne l’animateur. L’objectif est de faire comprendre aux propriétaires l’intérêt de gérer ses bois, comment le faire, avec quels moyens, et à qui s’adresser pour être accompagné dans la mise en œuvre de la gestion. La charte forestière a un vrai rôle facilitateur. » Grâce à cette impulsion, l’intégralité des propriétaires de plus de 10 ha est maintenant accompagnée par un gestionnaire forestier, contre deux auparavant. 140 documents de gestion durable encadrent l’exploitation de 1.400 hectares de forêt privée, contre 14 documents pour 500 hectares en 2018 (voir encadré). « Désormais, la moitié de la forêt est gérée durablement. Les propriétaires forestiers se réinvestissent, on observe une belle dynamique. »
Montées en compétence sur la forêt
L’un des marqueurs de cette dynamique est la fréquentation des formations destinées aux propriétaires forestiers : les 4 formations à l’année rassemblent au moins 50 personnes, quel que soit le thème : sylviculture, biodiversité en forêt, martelage forestier, plantations, éclaircies… Côté élus, la montée en compétences était aussi nécessaire. En effet, plusieurs zonages permettent de classer la forêt dans un plan local d’urbanisme. Le zonage « espace boisé protégé au titre du Paysage » est problématique, car même avec un document de gestion durable validé par le CRPF, un propriétaire doit demander l’autorisation de la commune pour exploiter son bois. « Nous avons beaucoup travaillé avec les communes et les associations pour trouver une philosophie commune sur cette question », souligne l’animateur. Celui-ci organise également de nombreuses actions de sensibilisation pour le grand public : balades VTT avec des ados, animations avec des classes, séance de cinéma dans une clairière, réunions publiques…
Sur les trois premières années, l’encouragement à la gestion forestière durable sur le territoire de l’Orée de Bercé-Belinois a donc connu de belles réussites. « Ma double casquette CRPF et communauté de communes permet d’aller très vite dans les projets. L’implication des élus et l’appui technique du CRPF facilitent le travail. » Le développement de filières de valorisation du bois local est maintenant en ligne de mire.
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