Depuis plusieurs mois, la grogne montait parmi les acteurs de la nuit parisienne, excédés par la multiplication des sanctions contre les lieux musicaux et les établissements de nuit. Dans une lettre ouverte intitulée "Quand la nuit meurt en silence", plusieurs associations fédérant les acteurs parisiens des musiques nouvelles - Technopol, My Electro Kitchen et Plaqué Or - s'adressaient, à la fin du mois d'octobre, aux ministres de l'Intérieur et de la Culture, ainsi qu'aux autorités franciliennes (préfet, président du conseil régional et maire de Paris). Ils dénonçaient notamment "la loi du silence généralisée qui s'abat sur nos événements et nos lieux de vie [et] est en passe de reléguer la Ville Lumière au rang de capitale européenne du sommeil" (voir notre article ci-contre du 9 novembre). La lettre ouverte mettait également en avant l'effacement de Paris, en matière de vie musicale, au profit de villes comme Londres, Barcelone, Prague et Berlin. Au risque d'entamer le rayonnement culturel et l'attractivité de la capitale, première destination touristique mondiale.
La lettre ouverte a fini par se faire entendre, avec la décision, lors du conseil de Paris du 14 décembre, d'organiser des "états généraux de la nuit parisienne", aussitôt rebaptisés "Grenelle de la nuit". L'initiative de porter la question devant le conseil de Paris revient à Ian Brossat, président du groupe parti communiste-parti de gauche. Dans une tribune libre parue dans Le Monde du 18 décembre et intitulée "Paris dort-il ?", celui-ci rappelle que le nombre d'établissements de nuit diminue à Paris, alors qu'il ne cesse d'augmenter à Londres ou à Berlin. Si ces états généraux doivent se tenir en principe dès la mi-janvier 2010, leur contenu et leurs objectifs demeurent encore assez flous. Les acteurs de la nuit en attendent un assouplissement dans la mise en oeuvre des textes - très contraignants - qui régissent les autorisations de création et de fonctionnement des établissements, ainsi que les troubles de voisinage. Ils espèrent notamment un assouplissement du "système N, P, L", qui classe les établissements en trois catégories très rigides : N pour les bars, P pour les salles de danse et L pour les salles de concerts. Le passage d'une catégorie à l'autre relève d'un parcours kafkaïen, avec des coûts de mise aux normes très élevés. En attendant l'éventuelle élaboration d'une législation "clarifiée, rééquilibrée et remise en adéquation avec la réalité des pratiques culturelles et sociales" - selon les termes de la pétition -, et en espérant des aides financières pour la mise aux normes, les auteurs de la pétition proposent la mise en place d'un "principe d'antériorité". Celui-ci se traduirait par la diffusion d'un document, remis par les agences immobilières aux candidats à l'achat ou à la location et indiquant clairement la présence d'un établissement de nuit dans l'immeuble ou à sa proximité immédiate.
Jean-Noël Escudié / PCA
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